Depuis 2018, l’ESJDB propose le module “Entreprendre ma nouvelle vie”, destiné aux dirigeants cédant leur entreprise ou se préparant à engager un processus de transmission.
La culture du Bâtiment est très attachée à la transmission : transmission des compétences, des valeurs et, bien sûr, transmission des entreprises. Souvent le fruit du travail de toute une vie, l’entreprise représente une valeur financière et un capital qu’il faudra estimer et négocier. Mais la priorité est toujours la même, assurer la continuité d’une activité économique, la pérennité d’une clientèle, d’une compétence, d’une réputation et des emplois qui leur sont liés.
Pour faciliter la transmission des entreprises de Bâtiment dans les meilleures conditions, la FFB a créé l’ESJDB ! Et les 3 300 élèves qui sont sortis diplômés de plus de 200 promotions restent les meilleurs témoins de l’efficacité de cette formation. Car l’objectif est bien d’installer solidement le futur dirigeant dans ses nouvelles fonctions, dans ses nouvelles responsabilités, bref de “réussir” le passage de relais. C’est pourquoi l’attention et l’intérêt se portent davantage sur le repreneur que sur le cédant dont les inquiétudes, les doutes ou les difficultés éventuelles ne paraissent pas évidents.
La continuité de l’entreprise d’abord, mais…
Mais, à partir de ses 25 années d’expérience de terrain, l’ESJDB a compris que la réussite complète d’une transmission ne pouvait pas négliger le sort de ceux (ou de celles) qui vont céder l’entreprise qu’ils ont a créée ou développée pendant une grande partie de leur vie. Quelles que soient les attitudes ou les affirmations des parties prenantes, une transmission ne va jamais de soi. C’est un processus intime, souvent caché, qui touche à des ressorts profonds et complexes, pas toujours identifiés ni reconnus, qu’il est important et sain de prendre en compte.
On sait par exemple qu’une transmission sereine et apaisée permettra d’éviter des “dégâts collatéraux” (regrets, contestations, discussions de dernière heure, remises en cause des décisions, tensions ou critiques…) à la fois désagréables et perturbateurs. Une réflexion conduite avec les cédants sur leur « vie d’après » contribuera donc à la réussite de la transmission.
De plus, il n’y a vraiment aucune raison pour accepter que le cédant reste l’oublié, le déçu ou le laissé pour compte de la transmission. Priorité à la pérennité de l’entreprise certes, mais en respectant celui qui va la quitter et en l’aidant à construire une “seconde vie”, celle, nécessairement différente, qui l’attend après…
Car c’est bien de cela qu’il s’agit : bien avant d’avoir confié les rênes de l’entreprise à son nouveau dirigeant, le cédant est ainsi invité à réfléchir à ce que sera cette vie d’après, ou plutôt à ce qu’il veut en faire quand il se sera éloigné de sa vie d’entrepreneur. Bien sûr, cette réflexion concerne d’abord le dirigeant lui-même mais elle peut aussi bousculer l’équilibre des couples, des familles et des relations sociales… Car l’après sera très différent de l’avant, même si la tendance naturelle est de se rassurer en minimisant l’impact de ce changement de vie qui s’approche.
Deux demi-journées pour réinventer sa vie
L’ESJDB propose aux cédants de consacrer deux demi-journées et une soirée à un travail de réflexion, d’échange et de construction d’une seconde vie à “entreprendre” qui réponde aux désirs de chacun. Ce travail collectif, étayé par des analyses et des explications méthodiques, fait appel à trois qualités des participants :
- La lucidité, pour mettre des mots précis sur les plaisirs du métier que l’on va quitter, sur ses propres envies pour la suite, mais aussi sur les inquiétudes et les dénis…
- La capacité à « lâcher prise » pour acter le changement qui se prépare, éviter les regrets, reconstruire une vie heureuse et ne plus regarder en arrière…
- Un « égoïsme sain » pour revendiquer le droit légitime à une seconde vie qui fera du plaisir une composante à la fois naturelle et essentielle…
Le travail s’organise en deux étapes. La première partie du séminaire est consacrée à l’inventaire de tout ce que la vie d’entrepreneur du Bâtiment a pu apporter à chacun de plaisirs, d’avantages (manifestes ou cachés) et de satisfactions personnelles.
Dans la seconde partie, chacun s’attache à identifier de nouvelles façons de retrouver, ailleurs et autrement, les mêmes types de satisfaction. Il s’agit bien de tout changer pour retrouver, dans des contextes, des situations, voire des « métiers » différents, l’essentiel de ce qu’on a aimé dans la vie d’entrepreneur. Il ne s’agit pas d’acter la perte ou de faire le deuil de satisfactions qui disparaîtront avec la transmission de l’entreprise, mais les retrouver sous une autre forme qu’il faut identifier, analyser et construire.
Pour éviter de s’en tenir à un rêve, aussi séduisant soit-il, chacun concrétisera ses choix sous la forme d’un projet à conduire, formalisé avec ses objectifs, ses moyens, son calendrier et ses critères de réussite, écrivant ainsi la « feuille de route » qui le conduira vers sa « seconde vie » …
Analyser, décider, construire… et réussir : il s’agit toujours d’entreprendre, mais, à ce moment de la vie, sur le chantier innovant de son bonheur futur.